Surnommé l'arbre à pain, le châtaignier fut longtemps la principale culture locale, notamment au Moyen Âge où la châtaigne était une monnaie d'échange.
Arbre providentiel, il est utilisé pendant plusieurs siècles par la population qui appréciait son fruit pour son apport énergétique et ses facultés de conservation autant que son bois, utilisé pour réaliser des charpentes, mobiliers ou outils. Les troncs évidés des châtaigniers formaient le corps des ruches.

Les plantations se poursuivent jusqu'au XIXème siècle sous la pression d'une population grandissante. Les pentes ardéchoises sont particulièrement peuplées à cette époque, grâce aux élevages de vers à soie et aux moulinages implantés dans les vallées.

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Mais cette activité va connaître une succession de crises, avec la maladie du ver à soie, la pébrine, qui décime les élevages et la concurrence des pays asiatiques, dont les expéditions sont facilitées par l'ouverture du canal de Suez en 1868.

C'est le début de l'exode rural et la production de châtaignes devient surabondante. Finie l'époque où l'arbre revêtait une importance vitale. Dès lors, les agriculteurs ont négligé son entretien, rendant, du même coup l'espèce plus sensible et vulnérable aux maladies. La maladie de l'encre, causée par un champignon, apparut en 1875, provoqua de lourdes pertes dans les châtaigneraies.
Lassée de manger des châtaignes tous les jours, la population s'est progressivement tournée vers une alimentation plus diversifiée. La châtaigne souffrait d'ailleurs d'un certain mépris de la part des citadins plus aisés.

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Entre 1897 et 1963, plus d'un million d'arbres ont été abattus en Ardèche : des usines d'extraits tannants se sont installées dans les vallées pour extraire le tanin du bois de châtaignier, dont l'industrie du cuir avait besoin.
A partir de 1960, le recul de la châtaigneraie entraîne une première prise de conscience sur sa possible disparition et des opérations de sauvegarde se mettent en place : replantation, création d’un syndicat de producteur, congrès national du châtaignier ...

Aujourd'hui, le paysage ardéchois est encore fortement marqué par la présence de nombreux châtaigniers, même si seulement 25% sont exploités. La châtaigne reste une des premières cultures fruitières du département avec un potentiel de récolte de 5000 tonnes par an. Plus qu’ailleurs, le châtaignier a prouvé sa résistance à traverser les âges, grâce au travail et à la passion des castanéiculteurs.

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